Mélimélune

La différenciation dans ma classe

Différencier le travail des élèves m’a toujours paru essentiel, mais pour être honnête, au début de ma carrière, c’était seulement dans un coin de ma tête parce qu’il fallait d’abord apprendre à « faire la classe » et à capter le maximum d’esprits. Pendant plusieurs années, j’ai bricolé – la bricole c’est fondamental dans notre métier 😉 – et maintenant, mon bricolage commence à prendre forme. C’est loin d’être parfait mais j’ai tellement galéré que je partage. On m’a toujours dit qu’il fallait différencier, on ne m’a jamais dit comment. Je vais modestement essayer de donner des billes à ceux qui en manquent.

1. Dès l’introduction de la notion

Quand le moment est à la synthèse ou à l’introduction de notions nouvelles, j’essaie de multiplier les approches. Je parle, je fais parler, j’écris, je fais écrire, je bouge et je fais bouger. Afin que tous les « types » d’élèves accèdent au savoir (ou presque). C’est une sorte de différenciation en collectif ! Bien sûr, rien ne sert de s’évertuer si les élèves ne sont pas disposés à apprendre, en position d’écoute, calmes et au courant qu’on est là dans un moment de leçon. Tout au long de la leçon je fais récapituler les élèves. C’est un moyen de maintenir l’écoute et aussi de vérifier la compréhension générale de la classe. Au bout de trois élèves qui ne savent pas répondre, je recommence tout. Pour ce moment, je tire au sort les élèves interrogés. Cela permet deux choses : ne pas se contenter d’interroger ceux qui lèvent la main (s’ils lèvent la main c’est qu’ils pensent avoir compris) et maintenir la concentration de tous. Je commence là mon repérage des élèves qui pataugent.

Enfin, de nombreuses leçons (en EDL par exemple) se terminent par une phase d’entraînement sur l’ardoise. Cette phase dure le temps nécessaire pour que le maximum d’enfants réussissent. Elle est ce fameux moment de feed-back immédiat qui permet à l’enseignant comme aux élèves de réajuster et bien sûr de repérer les difficultés persistantes chez certains. Les élèves en échec sur la phase de l’ardoise feront leur entraînement écrit en groupe avec moi.

2. Pendant les phases d’entraînement écrit

La notion introduite, dans la plupart des cas, les élèves s’entraînent à l’écrit. Ils ont alors un programme de travail personnel. 

Je dispose d’une affichette Classroom Clapers effaçable sur laquelle j’écris les noms des élèves et leur indique s’ils font le programme 1 étoile, 2 étoiles ou si je les laisse choisir eux-mêmes. (voir mon fichier différencié Picot ou celui d’EDL). Au fur et à mesure que l’année passe, on connaît mieux les élèves et l’affiche devient inutile. Le fonctionnement est le même en mathématiques.

3. Lors de moments spécifiques

Souvent, nous travaillons en ateliers. Concrètement, le fait de travailler en ateliers recouvre de nombreux dispositifs. De la façon de faire les groupes, par exemples, dépendent de nombreuses choses. Ces groupes permettent de différencier de façons différentes.

• des groupes hétérogènes

Lors des ateliers d’écriture, par exemple, j’ai choisi des groupes hétérogènes. Tout d’abord parce que le travail est identique dans tous les ateliers (seule la longueur des gammes de lecture peut être ajustée avec les étoiles), dans les groupes autonomes il faut plusieurs élèves capables d’aider les autres et peu qui demanderont de l’aide. Dans l’atelier d’écriture guidée, cela me permet de donner les mêmes consignes à tous les groupes (on travaille tous sur le même type de texte), mais d’en prendre deux autour de moi qui ont des besoins particuliers (de l’étayage, dictée à l’adulte…).

• des groupes de besoin

Lors des ateliers d’étude de la langue, je préfère travailler avec des élèves ayant des besoins différents. L’atelier dirigé est un moment de leçon (ou synthèse selon les termes Picot), mon approche est donc différente en fonction des élèves. Plus le groupe est faible, plus la leçon est explicite et guidée. Lors du dernier passage, je suis face à élèves qui fonctionnent particulièrement bien. Ils ont déjà lu la leçon et ont fait les exercices tous seuls. C’est à eux de me l’expliquer et de me demander des éclaircissements. La démarche est donc complètement différentes d’un groupe à l’autre. 

4. Pendant les évaluations

Il est parfois nécessaire de différencier lors des évaluations. Personnellement, je me refuse à ne pas évaluer les mêmes compétences. Cela dit, on peut évaluer une compétence de diverses manières. Et on peut rendre inabordable une évaluation à certains élèves « empêchés » alors que les compétences sont là. Voici quelques solutions que j’utilise :

les dictées escalier (quel est l’intérêt d’évaluer un élève dys ou TDA (par exemple) avec une dictée de 98 mots ?).
– l’évaluation à trous ou s’il le faut, orale.
– l’évaluation aidée (avec des outils à disposition comme les tables ou les leçons).

Et vous, comment faites-vous ?

12 pensées sur « La différenciation dans ma classe ! »

  1. VAL10
    dit :

    Bonjour,
    Moi je suis encore dans la phase que tu décris au début de ton article : c’est dans un coin de ma tête … mais ça vient. Il faut dire aussi que dans mon académie, il faut environ 10 petites années avant de se fixer quelque part. Je suis enfin titulaire depuis l’an dernier. Alors je commence les ateliers maths après la Toussaint, et je compte justement faire des groupes de besoin pour aborder les leçons de façon différente et étayer plus ou moins pour les exercices. Pour les évaluations, pas évident, j’ai encore le nez dans le guidon … Et pas facile dans un multi niveaux où tu dois déjà différencier les leçons à la base pour chaque niveau. Alors re différencier dans chaque niveau en fonction des difficultés ou réussites de chacun c’est du boulot qui ne s’improvise pas. Mais j’ai effectivement vu différentes choses sympas et pas trop difficiles à mettre en œuvre : prévoir pour certains des aides dans le fond de la classe à aller chercher en cas de besoin, permettre l’utilisation du cahier de leçon, recours aux tables pour poser et effectuer une multiplication …. Là je passe encore beaucoup de temps sur mes prep, mais je pense que je vais finir par y arriver. Merci pour ton article qui permet de relativiser et de ne pas se culpabiliser. Tu  m’auras permis de mettre encore d’autres idées sympas dans le fameux petit coin de ma tête …

  2. Mayleb
    dit :

    Je fonctionne moins bien que toi mais je suis d’accord sur tout. Je pratique aussi le tirage au sort et j’en suis contente. Comme dit Val10, quand il faut naviguer d’un niveau à l’autre, le temps pour individualiser diminue. Mais au moins on y croit et on essaie.


  3. mallotine
      dit :

    Chez moi c’est un peu comme chez toi! J’ai galéré aussi au début mais là comme j’ai ma classe depuis un petit temps maintenant ça commence à prendre forme. Ceux et celles qui ont un double-niveau, ne désespérez pas… Avec les ateliers, différencier devient presque facile!!!
    En EDL, je travaille sur la semaine. Lors de la séance d’introduction, je tire aussi au sort les élèves afin de vérifier leur compréhension et je réajuste si besoin (j’ai biaisé le tirage au sort en mettant plusieurs fois le nom des élèves que je sais plus en difficultés…). Pour les phases d’exercices, je différencie souvent le premier jour par la quantité (mes élèves dys faute d’avoir du temps en plus ont une ou deux phrases de moins par exercice…) Le jour deux des entraînements, je me base sur les corrections des exos et le travail fait sur ardoise pour prendre un groupe de besoin en fond de classe. Avec ce groupe,on va soit reprendre les exercices ratés, soit rééxpliquer, soit travailler la leçon de manière différente: en passant par le jeu ou la manipulation…On fait aussi oralement les exercices que les autres font par écrit. Je fonctionne de la même façon les autres jours de la semaine. J’aime beaucoup ton système des étoiles!!!
    En maths, j’ai trois groupes. Le jour de découverte, les trois groupes n’abordent pas la leçon de la même façon : je fais comme toi Mélimélune plus explicite avec le groupe comprenant les élèves les plus fragiles et je propose souvent au groupe des élèves les plus débrouillés des problèmes plus complexes. Le jour consacré aux exercices, mon groupe des plus débrouillards fait les exercices sur le cahier avant de faire la phase de « pratique guidée » avec moi. Lorsqu’ils viennent vers moi, je leur propose généralement des activités plus complexes leur permettant d’aller plus loin. Pour mon groupe fragile, on fait généralement des exercices du même type que ceux qu’ils devront effectuer dans le cahier. Là encore, si une même notion est travaillée, tous les groupes n’ont pas les mêmes exercices : je fais varier la quantité et la complexité des exercices en fonction du groupe.
    Enfin, j’essaie de varier les approches dans mes leçons : texte, carte mentale, vidéos ainsi que dans les exercices : ardoise, papier, jeux…
    Voilà ma petite expérience… Désolée pour la tartine… Et merci pour ton article!


  4. Mademoizaile
      dit :

    merci de nous faire partager ton expérience! C’est vrai qu’on nous explique très peu, voire pas du tout comment le faire. Cette année, ayant un simple niveau, j’ai plus de temps pour différencier, mais je me sens dépasser (quand évaluer? faire les mêmes matières ensemble ou en ateliers? …) ça m’angoisse.


  5. Farfa
      dit :

    J’aime beaucoup ton fonctionnement avec le programme c’est top!
    Ici je fonctionne différemment, avec des groupes flexibles et aussi en fonction du profil de ma classe.
    En gros cela donne ça:
    – Séance 1: découverte en classe entière. On bouge, on manipule, on écrit, on mime, on répète tous ensemble avec des gestes. Je suis très présente avec mes élèves en difficulté qui manipulent plus que les autres. On conclue toujours par répéter ce que nous avons appris après s’être entraîné sur ardoise.
    – Séance 2: rappel de la notion, ici le but est vraiment de faire fonctionner la mémoire. Ensuite on fait la synthèse explicite et on s’entraîne sur ardoise.
    – Séance 3: je différencie en 2 groupes, voir 3 suivant ce que j’ai remarqué sur le travail sur ardoise. Pour cette séance 3, ils ont tous les mêmes consignes. La différenciation se porte sur le nombre d’éléments dans l’exercice, le vocabulaire utilisé, les aides apportées en plus ( pour trouver le sujet, le verbe est déjà souligné par exemple). Cette séance est corrigée en collectif au tableau. C’est un moment important pour moi de pouvoir corriger avec eux.
    – Séance 4: on s’entraîne sur cahier du jour. Toujours différencié. Mon groupe fort a une série d’exos plus compliqués et sont en autonomie totale. Le groupe faible a une fiche assez courte pour éviter les surcharges (pas plus de 4 phrases par exercice), ils copient moins sur le cahier également toujours pour limiter la charge cognitive. Ils ont également de l’aide de ma part.
    Cette année j’ai 12 élèves en très grande difficulté: 1 dysphasique, 1 avec epilepsie partielle, 2 non lecteurs ou presque, 1 dysorthographique, 1 avec dyspraxie soupçonnée + les autres avec grand retard.
    12 sur 28, c’est sport et la différenciation est incontournable!

  6. Azraelle
    dit :

    Argh! Je n’aurais pas dû passer par chez toi, Mélimélune! ;)Comme d’habitude, j’adhère à 100% et je me retrouve en partie dans ce que tu décris.Dans ma classe, je fonctionne en plan de travail sur 2 niveaux, mais c’est moi qui inscris les élèves en début de PDT  en 1 ou 2 étoiles en maths et en français, selon leurs précédents résultats. Les élèves en grande difficulté à l’écrit ont l’autorisation de travailler directement sur les fiches PDT. Mon plan de travail tourne sur 3 semaines.On systématise donc de façon différenciée, par contre, j’évalue tout le monde sur le même support. Il est vrai que cette année j’ai un élève en attente d’AVSI , une non lectrice et des élèves en grandes difficultés. Pour certaines évaluations, je fonctionne en dictée à l’adulte… Et ces élèves-là ont le droit de venir me demander de l’aide pendant l’éval.Pour les découvertes de français, certains n’ont selon moi pas vraiment besoin des synthèses. Ils ont acquis la notion rien qu’en ravivant des acquis et en participant aux activités collectives de PICOT. C’est là que vont intervenir à partir de la période 2 mes séances type PDT: un groupe dirigé pour enfoncer le clou (leçon) et les autres en systématisation autonome sur du spiralaire puis tout le monde se rejoint sur la notion de la leçon en fin de séance.En maths, je fonctionne en ateliers. Le groupe dirigé est en découverte et il est certain que je ne présente pas les choses de la même manière aux différents groupes, même avec un matériel identique.Par contre, je vais sérieusement revenir sur mon emploi du temps, car  j’utilise les 2 méthodes PICOT (grammaire et orthographe), et avec mes rituels et les nombreux créneaux de lecture que j’ai instaurés (beaucoup en ont grandement besoin), je n’arrive pas à faire 4 séances sur une leçon… Par contre, nous revenons à longueur d’année sur les leçons étudiées précédemment (fonctionnement spiralaire). J’ai déjà du mal à faire des synthèses (leçons) dignes de ce nom…Quand trouvez-vous le temps de faire des ateliers en français ou de multiplier les séances? Dites-moi votre secret!!! :)Azraelle

  7. Stéphanie02
    dit :

    Merci pour cet article très intéressant. Je me retrouve un peu dans ce que tu dis, mais avec 3 niveaux, ce n’est pas toujours évident de tout différencier.
    J’ai Interlignes, ce qui me facilite un peu le travail au niveau de la différenciation, je différencie aussi mes dictées en fonction des réussites de chacun, et je propose 2 niveaux de difficultés pour tous les domaines de mon plan de travail.
    Le fonctionnement en ateliers m’intéresse beaucoup, mais pour le moment (toujours à cause des 3 niveaux), je ne m’en sens pas capable.


  8. Mélimélune
      dit :

    Merci à tous pour vos longs commentaires ! C’est vraiment très enrichissant de lire comment vous fonctionnez.


  9. Mitsouk☮
      dit :

    Je me retrouve dans ton petit topo de début de carrière … bravo d’avoir pris le temps d’écrire tout ça et de le partager. Depuis l’an dernier, des élèves d’UPE2A arrivent en nombre dans ma classe, et cela ajoute une charge de travail pour laquelle je ne me sens pas formée. Je n’ai pas l’impression d’avoir trouvé le fonctionnement idéal, je continue à inventer, adapter, tâtonner, et à fureter sur les blogs des collègues ! Un grand merci pour ton partage 


  10. Mélimélune
      dit :

    De rien, merci de ton passage. Pardon de mon incultitude mais c’est UPE2A ?


  11. Mitsouk☮
      dit :

    C’est la nouvelle appellation pour la classe d’initiation, CLIN. Ce sont des élèves primo-arrivants qui ne comprennent pas et ne parlent pas le français, la famille non plus : c’est très simple pour gérer la vie scolaire, et les nouveaux temps dûs aux changement des rythmes. Les explications donnent lieu à de vrais sketches ! La veille des vacances je parlait à une dame au téléphone en français, puis elle traduisait à la maman en langue arabe, qui à son tour répondait à la dame, qui elle, me traduisait en français …
    Donc j’ai une classe très hétérogène + des élèves ayant ce profil. Je ne suis plus une débutante, mais c’est épuisant à gérer.


  12. Mélimélune
      dit :

    Pfiout ! Effectivement ! Ça doit être d’un compliqué… 

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